Lamotrek


Nous arrivons sur l’île de Lamotrek après cinq jours d’une navigation mouvementée: un peu mal au cœur, la tête encore embrouillée par les effets de la mer, un peu vague, comme si la mer avait pénétré en nous, comme si elle nous avait donné ses effets, ses remous, maintenant à l’intérieur de nous. La passe est très claire, sans difficulté, nous mouillons devant le village.

 

Je ne sais pas si nous avons rêvé Lamotrek ou si Lamotrek a bien existé. L’île de Lamotrek.

 

Nous débarquons ici comme sur la lune, Lamotrek aussi belle et féminine que la lune: des femmes à moitié nues, les seins découverts sont assises un peu en retrait de la plage et nous regardent. Elles ont un paréo noué sur les hanches, leur peau est cuivrée, des fleurs dans les cheveux, elles ont un air grave. On pense à Gauguin, tel qu’il a vu et peint les vahine polynésiennes. Elles nous font un signe de la main pour nous montrer le chemin et nous entrons dans le village. Il y a une assemblée d’hommes, les uns sous une hutte de paille, les autres, à l’ombre des arbres, ils ont eux aussi le torse nu et un tissu noué autour de la taille, certains portent une fine couronne de fleurs très serrées, rouges et jaunes, nous nous approchons du chef du village; il nous invite à nous asseoir et à boire la sève de coco fermentée. Sur le côté, une huitaine de femmes se sont avancées et ont commencé à danser, elles ont le visage très maquillé – les yeux soulignés de noir, les lèvres rouges, le teint fardé- la plupart ont les cheveux relevés en chignon avec un peigne rouge ou noir piqué dans la chevelure très noire, elles ont les seins nus et une poudre orange orne leurs épaules; autour de la taille, elles portent un tissu rehaussé par des feuillages; de temps en temps, un homme passe dans leur dos et leur vaporise du parfum ou dépose à leur pied, de la nourriture: sacs de riz, sachets de soupe chinoise ou des billets de dollar. Elles dansent, sur une musique diffusée par un haut-parleur, et chantent d’une voix lancinante et nasillarde; leurs mouvements sont très doux, presque ralentis, ce sont les mêmes mouvements que ceux des danses polynésiennes mais moins amples et beaucoup plus lents. Des jeunes filles viennent ensuite danser, parées elles aussi de pareo, de colliers et de couronnes de fleurs. De larges cercles de fard rouge marquent leurs joues. Un cargo mixte de marchandises et de passagers a débarqué dans la baie peu de temps auparavant qui va emmener le chef du village et son adjoint à Yap pour y être soignés, ce qui explique ces festivités. L’équipage du bateau prend des photos des danseuses, avec leur téléphone et de temps en temps, leurs objectifs nous visent. Nous devons faire aussi partie du spectacle.

 

Les jours suivants, nous nous promenons dans le village, il y a des auvents faits en bois qui abritent de grandes pirogues à unique balancier. Les gens de l’île disposent aussi de barques en polyester avec des moteurs données par le gouvernement ou qu’ils achètent et qui servent pour les pêches collectives au-delà du lagon ou dans les îlots répartis autour de la barrière de corail. Ces bateaux peuvent transporter une dizaine de pêcheurs et reviennent chargées de poissons. Chacun des hommes rejoint sa hutte avec un paquet de poissons noués par un fil de coco. On nous offre bananes, poissons, langouste. Pierre s’attelle à vérifier ou essayer de réparer les installations de panneaux solaires du village. Ce qui est d’une grande aide pour le village et notre présence est d’autant plus appréciée. Lorsqu’un navigateur arrive au village, le chef du village lui pose cette question: qu’est-ce que vous pouvez faire pour l’île? L’île est isolée à l’écart du monde et la solidarité, l’entraide est primordiale. On pense aux millions de gens en France dont le travail ne trouve aucune place, au désarroi que cela crée. Les gens vivent ici dans un extrême dénuement, mais chacun a sa place sur l’île et apporte ce qu’il a, ce qu’il peut à la communauté.

 

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L’école comporte plusieurs classes, en tout une soixante d’élèves. Les enfants sont scolarisés sur l’île jusqu’à l’âge de 16 ans, il y a même une école maternelle pour les plus petits. Les enfants ont la possibilité de poursuivre leur scolarité sur des îles plus importantes comme Woleai ou Yap. Tout comme à Pohnpei, des quartiers entiers des villes de ces grandes îles sont habités par les habitants de ces petites îles. Pour les dix ans d’Elanore, chacun a préparé une couronne ou des colliers de fleurs pour elle, et un chœur d’ élèves et de leurs maîtres réunis dans la cour de l’école chante un « joyeux anniversaire » en plusieurs langues (woleain, anglais…). Elle croule sous les fleurs, comme une idole, ravie, émue, chaque élève vient lui serrer la main à la fin des chants, lui offre qui une noix de coco, qui une natte, qui de la nourriture.

 

 

Le rêve continue sous les eaux: à quelques mètres de notre bateau, évolue un monde de carangues, thons, requins, et un banc de poissons gris. Le banc d’une centaines de milliers de petits poissons gris tourne et entraîne avec lui des jeunes requins pointe noire,et pointe blanche, un requins gris de trois mètres, de grosses carangues, et d’énormes thons. Sous des rochers, se tiennent des requins dormeurs de quatre mètres de long, le requin gris se cache sous le banc et ressurgit de temps en temps; tout ce monde tourne, les uns à l’affût des autres, et nous, à la surface, à l’affût de tous.

Un jour, nous assistons au réveil de cette belle mécanique : chacun se met à chasser d’un seul coup, même les requins dormeurs qui d’habitude sont immobiles au fond de l’eau, ne doivent dormir que d’un œil, car ils sortent soudain de leur torpeur en ondulant de leur long corps pour chasser de concert avec les autres requins les petits poissons gris, les carangues…Nous sommes au dessus-d’eux , à six mètres, et ne voulant pas être pris pour cible, nous regagnons le bateau le plus rapidement possible. « pourquoi maman? on voulait rester !».

 

 

Je voudrais parler encore de la beauté de cette île. A midi, le soleil fait cligner les yeux, le soleil ou la beauté de l’île éblouissent-ils? Plages blanches, ombres des palmes de cocotier, eaux turquoise, et en son cœur, toute la grâce des femmes. L’île de Lamotrek peuplera encore longtemps nos rêves et nos imaginations et une petite fille parmi les fleurs se souviendra avoir vu éclore ses dix ans.

Les habitants de Lamotrek ont compris beaucoup de choses de notre société: ils ne veulent pas être dépendants d’un magasin, ils gardent farouchement leur façon traditionnelle de se vêtir (un simple pareo noué à la taille), leur organisation communautaire. Chaque dimanche, les hommes se réunissent et décident de la répartition des taches. Les femmes aussi ont leur propre réunion, la terre appartient aux femmes, les enfants héritent de leur mère, les femmes cultivent la terre, pratiquent le tissage, le tressage des paniers, les hommes pêchent, s’occupent de la construction et réparation des pirogues et des huttes. Elato, Satawal, Lamotrek sont des îles comme des satellites, qui tournent ensemble, échangent, partagent, reliées par la mer. Les voyages entre ces îles se font en pirogue. Les hommes s’installent dans l’île de celle qu’ils ont choisie pour femme.

Au delà du village et sur toute la surface de l’île jusqu’à la mer pousse un immense champ de taro géant, , un petit chemin central fait de morceaux de corail est aménagé pour permettre la circulation et pour permettre d’ atteindre l’autre côté de l’île, la taille du taro dépasse celle d’un homme et ce sont de grandes feuilles très vertes, luisantes qui poussent à perte de vue, on se sent tout petit lorsqu’on traverse un champs de taro géant, les feuilles au-dessus de nous, qui bouchent la vue, tout petit et enfoui, enfoui dans le vert, le végétal, dans la matrice, dans quelque chose à l’origine, comme le début de la vie, le pied des plantes trempe dans l’eau, c’est un champ d’eau et de feuilles, et avec les reflets dans l’eau, un champs de nuages et de couleur verte. Le taro, le poisson, quelques légumes comme les courgettes ou des plantes vertes dont on mange les feuilles, les noix de coco, les bananes, constituent les principales sources d’alimentation sur l’ île, complétées par le poisson pêché, le cochon, la tortue, tout tend à l’indépendance, à rester le plus près de la nature, de ce qu’offre la nature, la préserver pour la faire perdurer, c’est ce qui fait la force des gens ici et leur harmonie, l’apaisement que l’on sent ici, une société cohérente et en grâce, qui a su garder ses traditions, sa propre structure pour être libre d’un autre système, d’un autre mode de vie venu de loin, d’une Amérique, d’un Japon qui imposeraient leurs lois, comme ils l’ont fait par leur passé. Société ouverte aussi: le sens de l’accueil réservé à ceux qui viennent par la mer, 20 000 miles depuis la France pour atteindre Lamotrek, les navigateurs de passage sont choyés.

En fin d’après-midi, les hommes aiment à se réunir, certains se rassemblent là où se fabriquent les pirogues, une grande pirogue attend sous une haute hutte, une petite pirogue est en construction, chacun apporte sa fiole de verre remplie de tuba, cette sève tirée des branches de cocotier, récoltée dans des demi-noix de coco, qui a fermenté durant la journée pour être bue le soir. On boit, les pieds dans les copeaux de bois qui jonchent le sol, assis sur des bouées d’amarrage : c’est imbuvable au début, mais on finit par y prendre goût. On discute avec Xavier, le principal de l’école, (il tient son prénom des Franciscains, de François-Xavier), il a des allures de bonze, torse tanné, pareo de couleur verte, des petites lunettes et avec Santino, un des professeurs de l’école, queue de cheval très noire, un peigne rouge piqué dans les cheveux, une petite barbe, tatoué, torse nu, un pareo aux motifs bleus noué à la taille, ils aiment comprendre notre monde et nous faire découvrir le leur, Santino nous montre comment allumer un feu en frottant un morceau de bois très sec, le bois de l’hibiscus par exemple, contre un autre morceau du même bois, on creuse un petit sillon, puis avec des mouvements de va et vient, on frotte le bois jusqu’à ce que le bois fume, on approche ensuite des brindilles ou de la bourre de coco et le feu prend, le miracle du feu se produit. Un jour de pluie, Alice avait passé un long moment à se baigner, elle s’est réchauffée ainsi au feu allumé dans une bourre de coco. Nous tenions la coque de noix de coco incandescente, des petits filaments rouges s’envolaient, la fumée s’échappait et nous piquait les yeux. C’est voir se reproduire ce geste ancestral d’allumer un feu avec un morceau de bois, qui nous émeut au plus au point, alors que dans nos pays, la technologie nous fascine, c’est ici le geste premier, ancestral qui a traversé le temps et les mémoires qui nous fascine, c’est aussi peut être dans ce voyage, ce que nous cherchons, comme une matière première de ce que nous sommes. Allumer un feu et les étincelles traversent le temps, de l’homme préhistorique jusqu’à aujourd’hui; Nous avions acheté des briquets rose fluo, de fabrication chinoise aux îles Salomon, les seuls que l’on trouvait, le curseur s’est cassé, il reste bien du gaz mais le briquet est impossible à utiliser, nulle flamme ne peut en sortir.

 

Avec leurs grandes pirogues, des hommes de l’île ont déjà atteint Yap en cinq jours, ils ont même fait la longue traversée jusqu’à l’île de Guam et en sont revenus, se nourrissant d’une pâte faite de fruit de l’arbre à pain et de lait de coco, buvant l’eau contenue dans des réservoirs, ces hommes ont été initié par un vieil homme du village, renouant avec les rites ancestraux afin de leur accorder la protection des dieux, et de leur apprendre la navigation en fonction des étoiles et des vagues. Leur pirogues sont construites en assemblant des morceau de bois , souvent de l’arbre à pain, en les cousant avec de la fibre de coco pour les maintenir et donner la forme au bateau, puis en les collant avec une colle de leur fabrication à base de sève. Leur voiles sont faites avec des tissus légers souvent de couleur ou avec des nattes tressées.

Le lagon contient plusieurs réserves naturelles de poissons comme celle que l’on a pu observer derrière notre bateau, la pêche y est interdite pour pouvoir préserver le renouvellement des espèces, de même que la pêche à la tortue est encadrée par des règles, notamment des petites tortues sont élevées en bassin jusqu’à atteindre l’âge d’un an afin d’éviter les prédateurs quand elles seront relâchées.

Les maisons du village (pour la plupart, une dalle de ciment surmontée d’une structure en bois et d’un toit de palmes) sont serrées, le sol est couvert de petits graviers de corail, on voit sur des étagères en bois des casseroles, des poêles noircies par le feu, aux abords des maisons, des arbres, arbres à pain, papayers, cette partie de la Micronésie n’est pas sur le passage des cyclones, c’est ici que les vents naissent et grossissent, enflent pour former les cyclones, ailleurs. Les arbres peuvent se développer, les maisons ne seront pas détruites par le passage d’un cyclone, mais seulement par le passage du temps, l’usure, la forte humidité qui règne ici. Un des premiers jours passé sur l’île, des femmes nous font signe et nous nous approchons de leurs maisons, elles ne parlent pas anglais et par signes nous nous comprenons, elles installent des nattes sur le sol, nous apportent des morceaux de taro cuit disposés dans une feuille de bananier, nous amènent des noix de coco dont nous buvons l’eau, elles se mettent à rassembler des fleurs et à composer des couronnes et des colliers, les enfants font les couronnes et colliers avec elles: temps partagé, sans mots, accueil , ici on donne, on partage.

Un homme nous avait donné rendez-vous à deux heures sur le parvis de l’église, il voulait nous voir, parait-il, sans rien ajouter de plus, des femmes arrivent,, chacune apporte un plat, des bananes ,des noix de coco, dans des petits paniers tressés, et les pose sur une natte, s’assoient à côté, nous ne comprenons pas, nous ne comprenons rien décidément, un repas communautaire est-il organisé? Tous ces plats, ces victuailles ont été préparés pour nous, les femmes nous les offrent puis entonnent des chants, très doux, et lancinants, nous sommes totalement subjugués par cette générosité, paralysés par l’émotion, nous bredouillons quelques mots de remerciement en anglais, et après quand il n’y a plus de mots, plus de chants, nous restons un moment sans pouvoir bouger, tellement nous sommes émus, nous cherchons quelque chose à leur offrir, que pourrait-on leur offrir d’immédiat, nous qui sommes arrivés sans rien, qu’avons-nous en nous à leur offrir, nous pensons à un chant, un chant qui pourrait les remercier, comme un pont entre leur chant et notre chant, tous les chants de notre vie, de l’enfance à l’âge adulte, nous arrivent pas bribes sans pouvoir en sortir un seul, nous sommes totalement sans voix, paralysés, nous chantons finalement un chant de marin, d’une voix sourde, cassée par l’émotion.

 

 

Les femmes tissent avec leurs mains, en actionnant aussi leurs pieds, sur des métiers à tisser, installées sur une natte tressée posée sur le sol, à l’ombre de la hutte, elles tissent des lavalava ces tissus qu’elles portent sur leurs hanches et qui leur servent de jupe, couleurs bleu, vert, orange, rouge, avec des traits, des motifs géométriques. Elles tressent aussi: des feuilles, des fibres de coco, pour faire des nattes, des paniers, le moindre panier est tressé, pas d’emballage, ni de lien à jeter, tout ou presque se fabrique.

Ma montre est pleine de buée, la date est dépassée de cinq jours, l’heure retarde d’une heure, le bouton de réglage s’est cassé, on a perdu le temps, le temps officiel, ce passage en Micronésie qui n’était pas prévu au départ, s’allonge dans le temps, s’étoffe de jours et de semaines, d’heures que nous ne maîtrisons plus.

Nous avons l’impression de toucher le cœur de notre voyage.

Quand on me demande d’où je viens, je dis d’abord de France, puis devant l’air dubitatif de mon interlocuteur, je dis d’Europe, géographie vaste du vaste monde, l’air de mon interlocuteur devient plus songeur encore, s’enfonçant dans les contours du monde et ses frontières, alors je dis plus simplement « je viens de l’autre côté du monde, juste avec la force du vent », avec ces mots, on voit la terre ronde, mon interlocuteur d’un côté, moi de l’autre côté et le trajet accompli, mon interlocuteur m’aurait dit il y a quelques mois, « je suis de l’île de Lamotrek, dans l’état de Yap, qui fait partie des FSM « (il ne m’aurait pas dit de prime abord Federal States of Micronesia Etats Fédérés de la Micronésie), je n’aurais pas su précisément situer cet endroit, « de l’autre côté du monde », cela donne le vertige et la peur de tomber, cela donne aussi l’espace et les grands océans, « juste avec la force du vent » l’élan et la force, l’énergie du vent.

Présence de la peau, des corps dénudés, sans fard, sans miroir, sans image, revenu à l’essentiel ne l’ayant jamais quitté, au passage du temps, aux rides, aux cicatrices, aux blessures et au velouté, tout l’inverse de nos corps travaillés, sculptés, lissés, pour que rien ne dépasse, schématisés, uniformisés, qui tentent de répondre à un seul modèle, ici des corps, des corps, des seins, des torses, de toute forme, de toute corpulence, opulents et maigres, vieux et jeunes,de l’aube ou du couchant, des corps sans miroir, sans modèle, sans représentation, dans leur plénitude de corps, où trouvent-ils leur parfum, leur grâce, de ce qu’ils sont, des corps, des corps dénudés, magnifiques les seins lourds des veilles femmes qui pendent jusqu’à la taille, qui disent les maternités, l’âge, l’usure, le mouvement, la vie.

Le cadeau qui nous a été donné de Lamotrek avant de partir et qui nous émeut tant est ce grand coquillage dans lequel on peut souffler d’où sort un son rauque et puissant. Seul le chef du village s’en sert dans les situations les plus importantes pour réunir les habitants de l’île et chacun reconnaît le son particulier du coquillage. Il nous a été donné pour nous servir de corne de brune, il vient du fond de l’eau et par le son se répand sur la terre, bruit né de la mer, fort et beau pour notre bateau.

 

 

Poème donné à l’école, le principal est tellement content, cela lui rappelle sa jeunesse à l’école des Jésuites où il écrivait de la poésie, « la poésie,ces mots qui me venaient du fond du cœur » me dit-il, il le photocopie et le donne aux maîtres et aux élèves, a t-on jamais écrit un poème en français sur Lamotrek? Je fais là un geste qui semble venu des troubadours, écrire de la poésie, donner des mots étranges, venus du fond de soi et les éparpiller à l’extérieur, cela vient de mon père, qui me lit souvent des poèmes, même par skype, qu’il a composés, cette force de se sentir si faible par l’écriture, ces petits mots extirpés de l’intérieur que je jette sur la page, que j’écris sur la plage, que j’inscris dans le sable, dans les arbres, dans l’éphémère des choses, dans les mémoires, comme une trace.

 

 

Pourquoi écrire ce texte, si ce n’est pour rendre hommage à ces gens, essayer de les relater, de les rapporter, de dire leur ordinaire extraordinaire, leur différence, leur ressemblance, ce point de friction entre eux et nous qui permettra l’échange, même si le texte dit une réalité qui n’existe qu’avec des mots, des pauvres mots, transportables, navigables, navigateurs des océans et des terres, de notre monde.

Pierre répare les installations solaires, ou fait les diagnostiques de réparation, redessine les schémas électriques, les îles communiquent par BLU et son habileté s’étend d’île en île, les habitants de l’ île d’Elato où nous allons ont déjà entendu parler de lui.

 

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