De Niue aux Tonga


 

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Départ de Niue

La mer est si inconfortable que pendant ces deux jours de traversée nous restons à l’intérieur du bateau, et l’intérieur du bateau est peuplé de héros, de hobbits, de dragons, d’elfes, de sorciers, de moldus, du capitaine Nemo et du roi des Papas… Pourquoi voudriez vous qu’on aille voir dehors ? La mer est un amas de vagues tordues, une grosse vague de temps en temps s’écrase sur les hublots, laissant de magnifiques traces d’eau. La nuit le ciel étoilé rentre dans le carré par le hublot, le jour, la pluie laisse filer ses perles sur les hublots.

 

Le couchage des enfants dans le carré

Les enfants dorment dans le carré

 

La nuit le hublot est couvert d’étoiles, le jour le hublot est étoilé de pluie.Je me souviens d’un velux couvert de pluie dans un film de Woody Allen, et j’ai toujours aimé depuis les velux, les hublots sous la pluie, sous la lune, dans les étoiles, ce passage si immédiat de l’extérieur vers l’intérieur. L’extérieur est hostile, l’intérieur est paisible, rempli par nos imaginaires, extensible à l’infini, sans frontière, ni limite, il y a le in et le out, le dedans, et le dehors., la vie intérieure et la vie extérieure. Et comme bien souvent dans la vraie vie, sur le bateau, la vie intérieure est foisonnante, riche et la vie extérieure est plein de remous, tumultueuse, trouble. A la VHF nous entendons les voix gutturales des équipages suédois qui partis en même temps que nous de Niue, se dirigent comme nous vers les Tonga et communiquent entre eux avec leur langue mystérieuse. Le seul mot que nous comprenons est « slowdown » , Ralentir, en effet le vent nous pousse si vite que nous devons ralentir pour ne pas arriver de nuit aux Tonga.

 

Navigation dans le noir...

Navigation dans le noir…

 

Ralentir, sur un voilier, veut dire réduire les voiles, mais malgré le génois enroulé sur trois tours et les deux ris de pris dans la grand-voile, nous allons si vite que nous arrivons de nuit aux Tonga, dans l’archipel des Vava’u. La lune est pleine et lumineuse, malgré le voile des nuages, nous distinguons les îles noircies par la nuit, nous nous faufilons tels des cambrioleurs bilbotiens évitant les récifs, surveillant la navigation sur la carte électronique, nous mouillons dans la baie de Port Maurelle, clandestinement. Nous sommes en effet le samedi, et les autorités d’immigration étant ouvertes le lundi nous faisons fi de notre obligation de déclarer notre arrivée à la capitale des Vava’u jusqu’au lundi. Il est 4h du matin, nous n’avons pas dormis, Paris se couche t-il ?

 

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Formalités d’arrivée