Bricoleurs de ponton


 

La modestie est surement l’une de mes plus grandes qualités, néanmoins, il est des situations où l’on ne peux se contenter de mièvres allégories et c’est auprès des plus grands qu’il faut se mesurer pour aller chercher l’inspiration. Ainsi pour appuyer cette humble participation à l’enrichissement de notre site, je n’ai d’autres choix de faire un parallèle entre nos vagabondages et l’un des grands mythes de l’antiquité.

Immédiatement c’est l’évocation d’Ulysse et de son odyssée qui s’impose par son analogie : Un sillage pavé d’imprévus, de monstres et d’aventures, de cyclope (Pierre), de sirènes (Elanore, Lucile, Alice) et de Circé (Hélène)… Pourtant ce n’est pas auprès d’Homère que je suis allé chercher mon inspiration mais auprès d’un mythe fondateur plus ancien et universel : Sisyphe et son caillou.  Je pense que tout le monde a déjà entendu parler de ce personnage antique de la mythologie grecque qui pour avoir défier les dieux et trompé la mort, fut condamné à monter une pierre au sommet d’une montagne, Pierre qui roulait invariablement le long de la pente avant d’arriver au sommet (like a rolling stone).

Était-ce vraiment une condamnation ? Certes, il ne pouvait atteindre la délivrance et la fin de son tourment, mais ne trouvait-il pas enfin dans cette tâche absurde sa raison d’être? Tenter de se surpasser, aller au delà des limites? Voulait-il vraiment réussir? Sa réussite l’aurait délivré mais également privé de sa raison de vivre ? Faut-il dresser son caillou au sommet de la montagne en défi aux dieux ou rouler éternellement sa pierre ? Atteindre l’absolu ou se créer un objectif inaccessible qui nous assure une quête eternelle?

 

Chaque bateau possède son rocher de Sisyphe que le capitaine appelle prosaïquement la « liste des trucs à faire ».

Un bateau c’est à la fois le paradis et l’enfer du bricoleur. Le lieu de tous ses fantasmes et de ses tourments, l’assurance de n’être jamais oisif et d’avoir des remords de l’être.

Un bateau, c’est comme flâner un dimanche après-midi dans une grande surface spécialisée et baguenauder au fil des rayons en rêvant : peinture, enduits, fibres et résines, mécanique, plomberie, visserie, soudure, hydraulique, électricité, froid, accastillage, voilerie, corderie, ébénisterie … Le tout condensé dans un espace de 12m de long sur 6,4 de large.

Le bateau c’est l’eldorado du bricoleur, il doit maîtriser y toute les techniques, toutes les disciplines, être le poète de la clé à cliquet, le soprano de l’ampère et le maestro du rouleau.

Le bateau, c’est son « tartare » son petit enfer personnel. L’ouvrage repris cent fois, les imperfections, les ratés que personne ne voit, mais qui sont là, visibles de lui seul, (la baguette d’angle mal ajustée, le vaigrage qui plisse ou les vis trop longues placées au dessus du carré et qui, pendant les quarts de veille, alors qu’il laisse son esprit vagabonder, allongé sur la banquette les yeux fixés au plafond, le narguent, amer témoignage et cinglant reproche de son « imperfectitude ».

« La liste des trucs à faire » c’est notre rocher de Sisyphe, chaque fois que nous a la satisfaction de biffer une ou deux taches, trois viennent s’y ajouter.

« La liste des trucs à faire », c’est notre échelle vers le nirvana, le décompte des degrés à franchir pour atteindre la perfection, un fantasme d’ingénieur : l’infini à portée de main, « Pi » fini.

La liste des trucs à faire, c’est la mesure de notre médiocrité, le rappel de nos erreurs, la preuve de nos imperfections.

 

Au commencement, on débute, on apprend.

On découvre de nouvelles techniques, on fait des erreurs, on lit, on tâtonne, on fait des erreurs, on se documente, on cherche des informations, on fait des erreurs, on quête les conseils, On fait des erreurs et on s’améliore.

Je me rends compte que mes travaux d’aujourd’hui sont mieux planifiés, mieux finis, plus rapides et plus efficaces, plus maîtrisés que ceux d’hier, c’est ainsi que depuis quelques temps j’ai une certaine fierté quant à l’exécution des travaux que je réalise. J’ai acquis dans plusieurs domaines une certaine habileté et expertise qui me permettent de bomber le torse et donner des conseils aux novices (en omettant naturellement de leur dire que je n’ai jamais mis en pratique les dits conseils, mais qu’ils sont issus d’une longue lignée de ratés). Cela s’appelle l’expérience…

Mais trêve de bavardages, il est temps de développer notre histoire et d’illustrer de quelles anecdotes croustillantes ces généralités, qui ma foi, n’étaient que du du baratin destiné à vous embrouiller l’esprit. Je conclus ici mon introduction.

 

L’histoire commence au large de Niue.

18 milles après avoir passé Niue,  nous nous sommes retrouvés dans une zone de calme plat sous la pluie et nous avons décidé de nous déhaler au moteur pour quelques heures afin de retrouver un flux de vent de sud-est qui doit nous propulser vers les Tonga.

C’est à ce moment qu’intervient la fameuse loi universelle qui régit l’univers connue dans les pays francophones comme « la loi de l’emmerdement maximum » et qui a été décrite par Edward A. Murphy Jr, sous la forme « Anything that can go wrong, will go wrong » (se qui peut se traduire par « La tartine tombe toujours du coté de la confiture » ).

  • les moteurs ne démarrent pas,
  • les batteries moteurs sont à plat.

La loi de Murphy ayant été prise en compte dans la conception de notre circuit électrique, notre Caracolito est équipé d’un sélecteur de batteries permettant de basculer du parc batteries « moteur » au parc batteries « servitudes ».

J’actionne le sélecteur, tente de démarrer les moteurs avec les batteries de servitudes, pas de démarrage : les batteries servitudes sont également quasiment à plat, car (et c’est ici que se rappelle à notre souvenir la fameuse « liste des trucs à faire ») :

  • Le gestionnaire de batterie ne fonctionne pas en raison d’un mauvais câblage, il est branché sur la batterie moteur ce qui m’empêche de suivre correctement notre consommation et notre production électrique (noté en priorité 2 sur la « liste des trucs à faire »).
  • le thermostat de notre frigo ne fonctionne plus, le frigo est toujours à fond et consomme donc 2 fois plus que normalement (priorité 1 sur la « liste des trucs à faire » depuis Aitutaki)
  • Un tiers de nos panneaux solaires ne produisent pas car le régulateur est hors service (priorité 1 sur la « liste des trucs à faire »). (nota : j’avais bien un régulateur de rechange, mais je l’ai donné à Marcello à Mopelia quand je me suis rendu compte que le kit qu’il avait acheté à Sunzil, avait été livré sans régulateur. Bien entendu mon régulateur est tombé en panne 3 jours plus tard. (Moralité : Il ne faut JAMAIS être généreux, et ne JAMAIS vouloir compenser les erreurs de son ancienne société…))
  • Le pilote fonctionne en permanence depuis 5 jours ce qui augmente sensiblement notre consommation journalière.
  • Le pilote a du mal a tenir le cap, j’ai donc augmenté sa sensibilité et donc sa consommation.

Comme vous l’avez compris, Cette situation n’aurait pas eu lieu si 3 points clairement identifiés de la liste des trucs à faire avait été traités. Car c’est le trait le plus sournois de cette liste, elle prophétise les pannes et les emmerdements. Elle nous prévient que les batteries vont tomber en panne, que la poulie va casser, que nous avons été négligent sur la maintenance et, une fois que le « go wrong » est arrivé, elle retourne impitoyablement le couteau dans la plaie en nous susurrant à l’oreille : « tu savais qu’il fallait le changer et tu ne l’as pas fait ! Tu veux un peu de moutarde pour assaisonner les doigts que tu es en train de mordre ? »

Nous arrivons donc à Niue avec 2 entrées supplémentaires sur la liste des trucs à faire :

  1. Comprendre pourquoi les 2 batteries moteurs se comportent comme si elles étaient en parallèle (priorité 1)
  2. recharger les batteries (priorité 1)

Ainsi que 2 entrées déjà existantes dont le niveau de priorité est passé de « priorité 1 » à « priorité absolue » :

  • Remettre en production les panneaux solaires du Bimini (quitte à les mettre en direct sur les batteries),
  • Reprendre le câblage du gestionnaire de batteries pour le mettre en fonction.

 

Bien entendu le premier jour, je ne fais rien, formalité, fatigue, baleines, courses, autant d’excuses farfelues qui ne font qu’aggraver ma culpabilité par rapport à la longueur de la « liste des trucs à faire ».

Je démarre néanmoins les moteurs pour charger les batteries et commence à regarder un dessin animé avec les filles. Au bout d’une quarantaine de minutes je sens une odeur de brûlé familière mais que je n’arrive pas à identifier. (Cela ressemble à du liquide de refroidissement qui bout). Cela provient de bâbord. J’ouvre la cale moteur, vérifie les niveaux, température, fonctionnement : rien d’anormal. Je remet en route, l’odeur devient de plus en plus forte.

J’éteins les moteurs et m’aperçois que le gestionnaire de batterie indique que la batterie du moteur tribord débite un un courant de 15 Ampères. Aussitôt, je m’arme de ma pince ampérométrique et part à la recherche des ampères perdus.

Je les localise rapidement (ainsi que la source de l’odeur de brûlé) : Dans la soute arrière, la batterie du moteur bâbord se prend pour une cocotte minute !

Je la déconnecte, sécurise le circuit électrique et remet au lendemain la suite des opérations.

Le lendemain – Dimanche 11/09.

9h30 : Le petit déjeuner est pris. Je renâcle à prendre les choses en main. Il faut en premier lieu faire une recherche de panne, opération rebutante car elle nécessite de la réflexion et son timing est aléatoire. Je n’ai pas envie de réfléchir et intervenir sur le circuit électrique implique de mettre sens dessus dessous les 2 cabines arrières (ainsi que les cabines avant qui reçoivent se qui se trouvait dans les cabines arrières) et vider complètement les coffres de cockpit, vider les soutes arrières et surtout devenir contorsionniste pour y rentrer.

La « liste des choses à faire » devient de plus en plus moqueuse et mesquine. Elle s’acoquine avec le fameux proverbe « ne jamais remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même » pour me mettre de mauvaise humeur.

12h43: je me lance,  premier objectif : mise en service du gestionnaire de batterie.

Je tente de repérer le passage des câbles, m’arme d’un stylo pour redessiner le schéma électrique, je met à contribution Elanore et Lucile pour prendre des mesures de résistance des câbles traversant la paroi et finit par identifier les problème de câblage (inversion des câbles négatifs des batteries servitudes et moteurs).

16h21 : Le gestionnaire de batterie fonctionne. L’ensemble du câblage « – » est vérifié, remis en ordre, repéré et reproduit sur le papier.

16h22 : Je m’accorde un bon point. (Au bout de 5 bons points, on a droit à une bière)

16h23 : Je tergiverse.

16h35 : je commence à étudier le schéma électrique du bateau.

16h47 : Je conclus définitivement que le problème vient d’un des répartiteurs. Je décide de supprimer les liaisons croisées qui permettent à 1 moteur de charger les 2 batteries moteur simultanément.

17h25 : J’ai déconnecté les liaisons. J’ai également nettoyé, resserré et protégé les connexions des batteries du parc « servitudes » et de la batterie moteur tribord.

17h26 : je commence à ranger et remettre en place les coffres, soutes, cabines etc…

18h55 : J’ai fini de tout ranger. Je fais le bilan et prépare « la liste des trucs à faire pour demain ».

Pour les ignares, la liste des trucs à faire pour demain » est un sous-ensemble de la « liste des trucs à faire » précédemment mentionné qui regroupe les tâches devant être impérativement menée le lendemain afin de s’autoriser un instant de relaxation bien mérité autour d’une bière qui l’est également (bien méritée).

La «liste des trucs à faire pour demain » comprend :

  1. Acheter une batterie de démarrage 100A
  2. Trouver un régulateur PWM 30A
  3. Installer la batterie de démarrage nouvellement achetée
  4. mettre les panneaux solaires du bimini en direct ou installer le régulateur (si le point 2 a pu être réalisé)
  5. installer le coupe-circuit que j’ai en réserve (échantillon offert par le distributeur ABB de Tahiti au BE de Sunzil et qui (l’échantillon) s’est volatilisé du BE et a mystérieusement réapparu dans notre bateau) sur les panneaux du bimini .

Les chances de réussite de la tâche N°1 sont évaluées à 50% par les bookmakers locaux qui sont fort pessimistes concernant la tâche N°2 dont les chances de succès sont évaluées à 10%.

19h08 Je décide de m’autoriser une petite bière. Il ne nous reste que de la Hinano (bière de Tahiti) à bord… Je décide de ne pas boire de bière.

Lundi 12/09.

08h35 : Nous allons à terre de bon matin et nous nous rendons au Yatch-club. Je parle au gérant de mon problème de batterie. Il me propose de m’emmener aux 3 magasins qui vendent des batteries sur l’ile. J’accepte. Les 2 premiers n’ont que des petites batteries inutilisables. Il m’emmène voir Jerry.

Nous quittons la ville et il prend la route traversière de l’île. Il finit par rentrer dans une petite propriété. Dans le jardin se trouvent des épaves d’engins agricoles, des épaves de frigos, 4 chiens et un cochon qui ressemble à un chien. Après vérification il s’avère que le cochon est un chien qui est aussi gros qu’un cochon.

Jerry sort de sa maison : Il a des batteries qui correspondent à mes besoins. Je tente ma chance et lui parle de régulateur… Miracle, il en a également ! Malheureusement ils ne peuvent produire que 20A. Je retente ma chance, en a-t-il en 30A ? Re-miracle, il en a un ! (certes, il ne m’inspire pas confiance, me parait un peu petit avec un radiateur minuscule et des connecteurs accueillant à peine du fil de section 6² et ils sont fabriqués en chine, mais ce sont bien des régulateurs dont le prix est TRES compétitif…).

Je me sens en veine, (j’ai remarqué 4 panneaux solaires en triste état dans son jardin) et tente l’impossible : Aurait-il par hasard des connecteurs double MC4 pour mettre les panneaux solaires en parallèle ?

Aparté pour ceux qui se souviennent du début de mes propos (j’invite les autres à lire plus attentivement les premiers paragraphes de cet article avant de continuer) : Il y a toujours des petits détails qu’on se reproche dans les travaux qu’on est le seul à voir. Dans mon cas un de point qui m’agace au plus haut point c’est de voir des ombres sur l’un des panneaux qui sont sur le portique arrière. J’ai passé 5 ans à Sunzil à expliquer à tout les voileux de passage qu’il fallait préférer un raccordement en parallèle des panneaux pour qu’une ombre sur l’un des panneaux n’ait pas d’influence sur l’autre panneau et je n’ai pas trouvé mieux à faire lors du montage sur mon propre bateau que les mettre en série ! Certes cela ne représente pas une perte vraiment significative, mais mon amour propre souffre à chaque petite ombre cruelle qui me rappelle que je n’ai pas optimisé mon installation. Des connecteurs MC4 double seraient la solution élégante et la  mieux adaptée qui permettrait à mon amour propre d’éviter de ne sortir que la nuit en rasant les murs le visage masqué sous une épaisse couverture.

La réponse de Jerry me sidère : « Yes I have! »

J’en conclu que mon anglais est « very poor » et pose la question autrement. Même réponse.

Devant mon air ahuri, il m’emmène dans son hangar / cabane de jardin et sort une espèce de vieille boite généralement désignée comme « boite à trucs qui peuvent servir » ou « boite à bordel » ou « boite de machins à ranger ». Il l’ouvre, la fouille et me sort 2 paires de connecteurs double MC4…

15h10 : Nous retournons à bord avec batteries, régulateurs, connecteurs, femme et enfants. Entre-temps, nous sommes allés récupérer de l’argent à la banque (pour payer la batterie), été à la douane pour les formalités de départ du sur-lendemain, fait quelques courses (dont une canette de bière Neo-zélandaise de bon aloi), et mangé des hot-dogs qui ressemblaient à des beignets à la saucisse.

15h13 : Nous revenons au bateau, j’attaque la mise en place de la batterie.

C’est à ce moment que l’on ressent le poids de l’expérience. Immédiatement j’ai dressé un mode opératoire et identifié la liste exhaustive des outils nécessaires :

  • clé à cliquet + douille de 13
  • pince multiprise,
  • brosse métallique,
  • bombe de graisse.

En 35 secondes l’ensemble de l’outillage est rassemblé, 2 minutes et 53 secondes plus tard la batterie est raccordée les cosses nettoyées et protégées. Je démarre le moteur : tout fonctionne à merveille.

 

15h17 : Je décide de poursuivre par la mise en parallèle des panneaux du portique. Je sais que cela ne fait pas partie de « la liste des trucs à faire pour demain » mais cela devrait être très rapide. (je sais également que selon les célèbres proverbes caracolitois : « toujours remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même », et « il faut connecter le panneau tant qu’il est chaud », si je ne le fait pas immédiatement, dans un an, les connecteurs ne seront toujours pas installés…

Je me rends compte rapidement que les câbles des panneaux trop courts car les boîtiers de connexion des panneaux sont trop éloignés. Il faut que j’inverse un panneau.

Je m’auto-félicite pendant une demi-minute pour l’intelligence de la conception de mon portique arrière et du système de fixation. En quelques secondes, j’ai desserré les écrous permettant de faire basculer le châssis. Je desserre les brides, descend le panneau, le retourne, resserre les brides et remet le châssis en position. La mise en place des connecteurs est un jeu d’enfant. Je vérifie le fonctionnement et rattache les câbles.

 

15h39 : Je prépare le remplacement du régulateur sur les panneaux du Bimini suivant le processus décrit précédemment et largement éprouvé :

  • Analyse,
  • Identification du processus,
  • réalisation d’une gamme opératoire,
  • liste de matériel…

Je sors les 2 boites à compartiments où sont rangées amoureusement toutes mes vis à bois, ainsi que les accessoires électriques, puis rassemble tournevis, pinces coupante et à dénuder.

J’en profite pour installer mon fameux coupe-circuit ABB (celui qui est apparu mystérieusement…) entre le régulateur et les panneaux. Je coupe, dénude, raccorde, visse et teste. Tout fonctionne parfaitement.

 

16h42 : J’organise mentalement la suite des opérations : dans l’ordre : Rangement, baignade, bière néo-zélandaise fraîche (Speight’s gold medal Ale).

 

17h12 : Le rangement est presque terminé, il ne me reste que la boite de vis à ranger sous le lit d’Alice. J’attrape vivement la boite posée sur le banc du cockpit. Malheureusement, j’ai oublié de fermer le couvercle : Environ 1852 vis de 31 types différents se répandent immédiatementsur le sol…

 

17h13 : J’émets plusieurs jurons, imprécations et borborygmes.

 

17h15 : je décide d’aller me baigner.

 

17h32 : J’ouvre ma bière (Speight’s gold medal Ale) et m’assoit au fond du cockpit avec d’un coté une boite compartimentée vide et de l’autre un tas de vis mélangées. Je constate que la bière et excellente, note la marque consciencieusement (Speight’s gold medal Ale) et décide d’ajouter une action sur ma « liste des trucs à faire pour le lendemain »: « acheter un pack de « Speight’s gold medal Ale » avant notre départ de Niue.

 

18h 39 : J’essaie d’organiser un jeu intitulé « mi amie la vis » (a ne pas confondre avec Miami Vice) avec les filles, mais elles ne sont pas intéressées.

 

19h05 : pause dîner

 

19h35 : reprise de l’opération « vis du dessert »

 

20h02 : je range la boite compartimentée (fermée) sous le lit d’Alice.

 

Epilogue

Le surlendemain, Il pleut à verse toute la journée. Nous ne pouvons pas sortir. Vers 16h j’organise une expédition avec Elanore, Alice et Lucile. Nous enfilons les cirés et direction le rivage. Officiellement, il s’agit de faire les dernières courses et poster les cartes postales écrites par Elanore, Lucile et Alice.

La poste vient de fermer. Nous nous dirigeons vers l’objectif secret de notre expédition: le seul magasin autorisé à vendre des spiritueux sur l’ile.

Le propriétaire m’y apprend qu’il vient de tomber en rupture de « Speight’s gold medal Ale » et qu’il n’y en a plus de disponible sur l’île…

 

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« La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. »

A. Camus

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